VIII.—Observations addressed to the tribunal by Mr. Cushing, in the name of the counsel of the United States, on the 21st August, 1872, and memorandum as to the enlistments for the Shenandoah at Melbourne.
Mr. President and Gentlemen of the Tribunal: The present discussion has its origin in the doubts expressed at the last meeting on the subject of the number of men enlisted for the Shenandoah at Melbourne. Previously to the expression of those doubts, all the members of the Tribunal in succession had announced their opinion on the points involved in the general question of the responsibility of Great Britain with regard to the prizes made by the Shenandoah after her departure from Melbourne.
We have prepared a Memorandum, which proves conclusively the correctness of the statements of Temple, the perfect agreement between his statements and those of Nye, who, in support of these same statements, produces the evidence of Hunt, an officer of the Shenandoah. This Memorandum also adduces the declarations of other witnesses, which confirm the evidence of Temple, Nye, and Hunt. In fact, it is beyond doubt,—
1. That the Shenandoah enlisted at least forty-three men at Melbourne. This number is indeed now admitted by Sir Rounded Palmer.
2. That the Shenandoah discharged at Melbourne only seven men of her crew, although thirteen others left her; but that these thirteen were prisoners of war, who did not form part of the crew, and there is reason to believe that the six or seven others who, it is asserted, were discharged at Melbourne, were also prisoners of war.
It follows that the strength of the crew of the Shenandoah was increased by forty-three men.
[Page 533]3. That the word “seamen” employed by Nye means “sailors,” in addition to whom there were on board the Shenandoah, according to Nye’s own account, sixty or fifty-five other persons, officers, firemen, &c., in conformity with the narrative of Temple and Hunt.
4. That without the re-enforcement of her crew effected by means of these enlistments at Melbourne, the Shenandoah could neither have continued her cruise, nor consequently have captured the American whalers in the North Pacific.
5. That all this constituted a flagrant violation of international law, and even of British municipal law, in the opinion of the Governor, Sir Charles Darling, himself.
6. That finally, and above all, it constituted a manifest violation, on the part of the British authorities, of the second Rule of the Treaty, which runs thus:
A neutral Government is bound not to permit or suffer either belligerent to make use of its ports or waters as the base of naval operations against the other, or for the purpose of the renewal or augmentation of military supplies or arms, or the recruitment of men.
The Counsel of Great Britain has just addressed to the Tribunal observations, not merely with regard to the number of men enlisted at Melbourne, but also on the subject of the legal bearing of the question of these enlistments as a thesis of the law of nations, or of that laid down by the Treaty.
We frankly confess that we did not contemplate so wide a discussion. We therefore respectfully beg the Tribunal to inform us if the new questions raised by Sir Roundell Palmer remain open before the Tribunal.
Observations adressees au tribunal par M. Cushing, au nom du conseil des États-unis, le 21 août 1872, et mémorandum sur les enrôlements pour le Shenandoah à Melbourne.
Monsieur le Président, Messieurs du Tribunal: La discussion actuelle a son origine dans les doutes exprimés lors de la dernière séance au sujet du chiffre des enrôlements que le Shenandoah a faits à Melbourne. Avant d’émettre ces doutes, tous les membres du tribunal, l’un après l’autre, avaient annoncé leur opinion à l’égard des points compris dans la question générale de la responsabilité de la Grande-Bretagne au sujet des prises faites par le Shenandoah après son départ de Melbourne.
Nous avons préparé un mémoire qui démontre, jusqu’à l’évidence, l’exactitude des déclarations de Temple, le parfait accord entre ses déclarations et celles de Nye, et qui, à l’appui de ces mêmes déclarations, produit le témoignage de Hunt, officier du Shenandoah. Ce mémoire fait valoir aussi les déclarations d’autres témoins, qui confirment le témoignage de Temple, de Nye et de Hunt. En effet il est hors de doute:
1. Que le Shenandoah a enrôlé au moins 43 hommes à Melbourne. Ce chiffre est admis aujourd’hui, même par Sir Roundell Palmer.
2. Que le Shenandoah n’a licencié à Melbourne que 7 hommes de son équipage, quoique 13 autres l’aient quitté; mais que ces 13 étaient des prisonniers de guerre, qui ne faisaient point partie de l’équipage, et il y a lieu de croire que les 6 ou 7 autres, que l’on prétend avoir licenciés à Melbourne, étaient aussi des prisonniers de guerre.
Il s’ensuit qu’il y eut une augmentation de 43 hommes dans l’effectif de l’équipage du Shenandoah.
3. Que le mot “seamen,” employé par Nye, veut dire “matelots;” en dehors desquels il y avait à bord du Shenandoah, d’après le récit de Nye lui-même, 60 ou 55 autres personnes, officiers, chauffeurs, et cetera, conformément au récit de Temple et de Hunt.
4. Que, sans le renfort apporté à son équipage au moyen de ces enrôlements à Melbourne, le Shenandoah n’aurait pu ni continuer sa croisière ni, par conséquent, capturer les baleiniers américans dans le haut Pacifique.
5. Que, dans tout ceci, il y a eu une violation flagrante du droit des gens, et même de la loi municipale britannique, de l’avis même du gouverneur sir Charles Darling.
6. Qu’enfin, et surtout, il y a ici une violation manifeste, de la part des autorités dé la Grande-Bretagne, de la seconde règle du traité, règle ainsi conçue:
“Un gouvernement neutre ne doit ni permettre ni tolérer que l’un des belligérants se serve de ses ports ou de ses eaux comme d’une base d’opération navale contre un autre belligérant; il ne doit ni permettre, ni tolérer non plus, que l’un des belligérants renouvelle ou augmente ses approvisionnements militaires, qu’il se procure des armes ou bien encore qu’il recrute des hommes.”
Maintenant le conseil de la Grande-Bretagne vient d’adresser au tribunal des observations, non-seulement à l’égard du chiffre des enrôlements à Melbourne, mais aussi au sujet des relations juridiques de la question de ces enrôlements, comme thèse du droit des gens ou du traité.
Nous avouons franchement qu’une discussion aussi étendue n’entrait pas dans nos prévisions. Dès lors, nous prions le tribunal très-humblement de nous faire savoir si les questions nouvelles soulevées par sir Roundell Palmer restent ouvertes devant le tribunal.
C. CUSHING.
Mémorandum
Sur les enrôlements pour le Shenandoah à Melbourne.
M. Grattan, consul britannique à Ténériffe rend compte le premier du nombre des hommes qui se trouvaient à bord du Shenandoah lorsque ce vaisseau quitta le Laurel. Il dit que le Laurel amena “dix-sept matelots et vingt-quatre officiers supposés;” et “que quelques hommes de l’équipage du Laurel montèrent sur le Sea King.” (Brit. App., vol. 4, §. 477.)
Il ne dit pas s’il resta des hommes faisant partie de l’équipage du Sea King à bord de ce vaisseau; mais les dépositions de deux personnes transmises par lui dans sa dépêche (Ellison, p. 478; Allen, p.479; Brit. App., vol. 1) montrent qu’un officier arriva de Londres sur le Sea King et que trois hommes de l’équipage restèrent à bord de ce vaisseau.
William A. Temple, matelot à bord du vaisseau, dans une déposition faite sous serment à Liverpool, le 6 décembre 1865, donne les noms de deux officiers qui arrivèrent de Londres sur le Sea King, de vingt-deux officiers qui passèrent du Sea King à bord du Shenandoah, de quatre matelots et de deux pompiers-mécaniciens qui firent de même, et d’un matelot et deux pompiers-mécaniciens qui arrivèrent de Londres à bord du même vaisseau. Il paraît par l’affidavit de George Silvester (Am. App., vol. 6, p. 608) que ce dernier arriva aussi sur le Laurel comme matelot et qu’il quitta le Shenandoah à Melbourne; ce serait donc encore un nom à ajouter à la liste de Temple.
En supposante ce qui est évidemment le fait, que M. Grattan, sous le terme équipage, a compris les officiers subalternes, les matelots et les mécaniciens-pompiers, il n’existe aucune contradiction entre ces déclarations. M. Grattan donne vingt-quatre officiers au Shenandoah, Temple lui en donne vingt-quatre aussi, dont vingt-deux sont du Shenandoah. M. Grattan dit que des dix-sept matelots du Laurel, il y en eut qui n’entrèrent pas dans l’équipage du Shenandoah; Temple, en ajoutant à sa liste le nom de Sylvester, donne les noms de seize officiers subalternes, matelots et mécaniciens-pompiers, qui quittèrent le Laurel pour s’embarquer sur le Shenandoah et aussi de trois matelots et mécaniciens-pompiers, qui quittèrent le Sea King dans le même but. Quant au Sea King, ce compte est confirmé par l’affidavit de Sylvester (vol. 6, Am. App., p. 607).
Un troisième récit de cet évènement se trouve dans un livre intitulé “Croisière du Shenandoah” écrit par Hunt, l’un de ses officiers après la fin de sa croisière, et publié à Londres et à New York en 1867. Il dit que lorsqu’ils quittèrent le Laurel, il n’y avait en tout en fait d’officiers et de matelots que quarante-deux hommes, moins de la moitié de l’effectif régulier (Croisière du Shenandoah, p. 24, cité dans le cas américain).
Le récit détaillé de Temple ainsi corrigé, donne les noms de quarante-trois personnes se trouvant à bord. Les souvenirs de trois témoins indépendants sont donc sur ce point presque absolument identiques.
Nous avons deux rapports quant au nombre des hommes enrôlés entre le départ du Laurel et l’arrivée du vaisseau à Melbourne; ils se trouvent exprimés comme suit dans le cas de l’Amérique:
“L’auteur de la Croisière du Shenandoah dit que quatorze hommes furent enrôlés de la manière suivante: dix furent triés de l’Alina et du Godfrey, deux de la Susan et deux du Stacer.
“Temple dans son affidavit, donne les noms de trois hommes tirés de l’Alina, de cinq du Godfrey, d’un de la Susan, de deux du Stacer, et d’un de l’Édouard, en tout douze.”
Ici encore, la petite différence confirme l’exactitude des souvenirs de chaque témoin.
Selon Hunt, le Shenandoah avait en arrivant à Melbourne, 55 hommes tout compris. Dans l’affidavit de Temple, en ajoutant Silvester, nous trouvons les noms de 55 hommes, soit 25 officers et 30 hommes.
D’autres témoignages corroborant ceux-ci, démontrent la vérité de ces déclarations. Dans le 6e volume de l’appendice américain, se trouvent plusieurs affidavits de personnes qui ont quitté le vaisseau à Melbourne. Brackett (p. 615) dit: “Pendant tout le temps que j’ai passé à bord du vaisseau, des 35 hommes environ composant l’équipage du dit vapeur, il y avait, etc., etc.” Il déclare aussi, qu’avec quatre camarades dont il donne les noms, ils consentirent, pour éviter d’être punis, à servir comme matelots sur le navire. Bolin (p. 615), Ford (p. 612), Scandall (p. 615), Scott (p. 616), Landberg (p. 617), Wicke (p. 625), et Berucke (p. 626), disent la même chose, soit en tout douze personnes. Deux des noms mentionnés par Brackett se trouvent sur la liste de Temple. En ajoutant dix noms à la liste de Temple nous avons 40, c’est-àdire cinq de plus que le nombre donné par Brackett comme composant à peu près léquipage. En l’ajoutant à la liste de Hunt, nous avons 41, qui est le chiffre approximatif donné par le consul des États-Unis à Rio Janeiro, d’après les récits des maîtres de vaisseaux pris par le Shenandoah, qui, en entrant chez eux, avaient passé par cette ville. Le consul dit: “Le récit suivant quant au Shenandoah a été fait par des maîtres de vaisseaux qui ont été prisonniers à bord de ce vaisseau * * Il a 43 hommes, presque tous anglais, outre les officiers.” Ces récits furent donnés au consul Munro par des personnes qui avaient quitté le Shenandoah, après qu’il eut augmenté son équipage, avant d’arriver à Melbourne.
Nous pouvons par conséquent supposer que les chiffres indiqués par Hunt et Temple représentent le nombre des hommes que le vaisseau avait à bord en arrivant à Melbourne.
Cherchons maintenant à savoir combien il en perdit dans cette ville.
L’officier de police, Kennedy de Melbourne, dans son rapport du 13 février, déclare que vingt hommes ont été renvoyès du Shenandoah depuis son arrivée dans le port. (Brit. App., vol. 5, p. 108.)
Temple nous donne les noms de deux hommes qui furent renvoyées, Williams et Bruce; et il ajoute: “Quelques hommes quittèrent le vaisseau à Melbourne, mais j’ignore leurs noms.” Silvester dit qu’il quitta le vaisseau à Melbourne (Am. App., vol. 6, p. 609,) Bracket nous donne avec son nom ceux de Madden et de Flood, trois en tout; Bolin, Scandall, Scott, Landberg, Wicke et Berucke font douze. Il paraît, d’après les affidavits de Bruce (Am. App., vol. 6, p. 505) et de Colby (id., p. 607), qu’eux aussi travaillèrent à bord du vaisseau comme membres de l’équipage et le quittèrent à Melbourne. Ainsi il paraît que des vingt hommes, treize étaient des prisonniers qui avaient été obligés de travailler et de servir sur le Shenandoah, pour éviter une punition et qu’ils saisirent la première occasion de quitter ce service forcé.
Nous n’avons aucun moyen de savoir positivement dans quelles circonstances les autres s’enrôlèrent; mais d’après les résultats identiques, tels qu’ils dérivent de plusieurs sources indépendantes, comme nous le verrons plus bas, nous croyons qu’ils ne faisaient pas partie de ceux indiqués par Hunt ou par Temple comme composant l’équipage permanent du vaisseau lorsqu’il arriva à Melbourne, mais étaient, comme les treize dont nous pouyons donner les noms, des prisonniers qui avaient été forcés de faire ce service coutre leur gré.
Nous sommes parfaitement convaincus, qu’à part Silvester, personne ne fut renvoyé du Shenandoah, à Melbourne, excepté des hommes enrôlés contre leur gré dans des vaisseaux capturés.
Nous dirigerons maintenant nos recherches sur le nombre des enrôlements faits à Melbourne.
Le 27 février 1865, une semaine environ après le départ du Shenandoah de Melbourne, et alors que sa mémoire était encore fraîche, le gouverneur sir Charles Darling déclara que les rapports et lettres du commissaire chef de police à “Victoria ne laissaient aucun doute que la neutralité eût été violée d’une manière flagrante par le commandaut du Shenandoah qui * * avait reçu à bord de sou vaisseau avant de quitter le port le 18 un nombre considérable d’hommes destinés à augmenter son équipage.” (Brit. App., vol. 1, p. 565.)
Le rapport dont il est ici question, est probablement celui que l’on trouve à la page 117 du volume 5 de l’appendice britannique. Dans ce rapport, le detective déclare que cinq bateaux remplis d’hommes ont été vus se dirigeant sur le Shenandoah pendant la nuit du 17; l’un d’eux avait à bord dix à douze hommes, dont deux seuls revinrent, et que sept hommes s’étaient embarqués le 18 au matin. Il termine ainsi son rapport: “En préparant ce rapport, le detective s’est borné aux faits; mais l’on dit qu’en tout soixante à soixante-dix hommes se sont embarqués sur ce vaisseau, dans ce port.”
Les fails cités par le detective sont vrais et corroborés par d’autres preuves. Les bruits dont il pariait étaient exagérés.
L’auteur de la crosière du Shenandoah dit que “l’équipage avait reçu une augmentation mystérieuse de quarante-cinq hommes,” (p. 113, voy. American Case). Ce nombre semble être celui qui fut remarqué par ceux qui donnèrent ces informations au detective.
Temple donne les noms de 1 officier, 13 officiers subalternes, 19 matelots, 7 mécaniciens-pompiers et 3 soldats de marine, en tout 43 hommes recrutés à Melbourne. Ce récit s’accorde assez avec celui de Hunt et se trouve incidemment confirmé par l’affidavit de Forbes au sujet de Dunning, Evans et Green cités dans le cas de l’Amérique.
Selon les chiffres que l’on peut recueiller du récit de Hunt, dans différentes parties de ce récit, le Shenandoah avait alors, après les enrôlements à Melbourne, 101 officiers et matelots.
Selon le récit de Temple, il avait 25 officiers, 30 officiers subalternes, 26 matelots, 9 et 3 soldats de marine, en tout 93 hommes.
La petite différence peut s’expliquer par le fait que Hunt, dans son récit rapide ne fait aucune mention du renvoi des hommes à Melbourne.
Le 27 mai, le Shenandoah prit et brûla le baleinier Abigail. M. Ebenezer F. Nye, le maître de l’Abigaïl, dans un affidavit du 7 septembre 1871 dit: “Le Shenandoah, à l’époque où je fus pris à bord, avait un nombre complet d’officiers mais manquait passablement de matelots, car il n’en avait que quarante ou cinquante, pas la moitié de ce qu’il fallait. Les officiers m’ont dit que leur véritable effectif d’officiers et de matelots aurait dû être de 185, mais à cette époque, il avait, tout compris, 105 hommes.”
Il paraît, d’après l’affidavit de Temple, qu’après avoir quitté Melbourne, et avant la capture de l’Abigaïl, l’équipage fut augmenté par l’embauchage d’un officier subalterne et de sept matelots tirés de vaisseaux capturés, soit: Park, officier, et Welch, Morris, Adeis, Delombaz, Roderick, Stevenson et Rossel, matelots.
D’après les calculs tirés du récit de Hunt, le Shenandoah devait par conséquent avoir à cette époque, avec cette augmentation, 108 hommes tout compris.
D’après le récit de Temple, il avait 101 hommes, dont étaiént 57 officiers et officiers subalternes, et 44 matelots, soldats de marine et mécaniciens.
Ce résultat confirme l’exactitude de l’estimation et les souvenirs de M. Nye de la manière la plus frappante.
Après cette époque, Temple représente le Shenandoah comme recevant des enrôlements des vaisseaux capturés comme suit: 1 officier, 21 matelots, 1 mécanicien-pompier, et 9 soldats de marine, en tout 32 hommes. Il représente le vaisseau arrivant à Liverpool avec 133 hommes à bord.
Dans un rapport officiel écrit par le capitaine Paynter au contrôleur général des gardes-côtes britanniques, daté du 7 novembre 1865 (Brit. App. vol. 1, p. 675) il est declaré “que le Shenandoah a un effectif de 133 officiers et matelots.”
Temple, dans son affidavit du 6 décembre suivant, donne des chiffres identiques et ajoute les noms des officiers et des matelots.
Lorsque l’affidavit de Temple fut communiqué au gouvernement britannique, on chercha à mettre eu doute sa véracité en montrant que son caractère n’inspirait pas de la confiance dans ses déclarations; mais on ne chercha nullement à montrer que la liste annexé à son affidavit était iucorrect:—sans doute parce que les personnes à Liverpool qui connaissaient les faits savaient que cette liste était vraie. Celui qui éleva ces doutes, fut le capitaine Paynter, l’officier qui se chargea du Shenandoah lorsqu’il fut abandonné par Waddell et conformément aux instructions duquel l’équipage fut renvoyé. Il savait par conséquent si ces faits étaient exacts:—ou s’ils ne l’étaient pas, il savait où on pouvait trouver les personnes qui pouvaient démontrer leur inexactitude. Eu renvoyant l’équipage, il avait sans doute tenu la liste de l’équipage. Si la liste de Temple avait différé de celle là, il est évident que cette différence aurait été démontrée par un officier désireux de faire passer Temple comme indigne de foi.
La liste donnée par Temple est appuyée: 1°, par sa véracité intrinsèque; 2°, par son accord avec le récit de Hunt; 3°, par les récits des maîtres des vaisseaux capturés, récits rapportés par le consul Munro à Rio Janeiro; 4°, par les affidavits de plusieurs matelots prisonniers relâchés à Melbourne d’un service forcé sur le Shenandoah; 5°, par la lettre du gouverneur sir Charles Darling; 6°, par le rapport du detective Kennedy; 7°, par l’affidavits Forbes; 8°, par l’affidavit de Nye, le commandant de l’Abigaïl; 9°, par le rapport du capitaine Paynter au contrôleur genéral des gardes-côtes; 10°, par le fait que le capitaine Paynter ne pût réussir à en contester l’exactitude, lorsqu’il avait les raisons et les moyens de le faire.
Si l’on doit croire ce récit, 43 personnes recrutées à Melbourne, en violation des devoirs de la Grande-Bretagne comme puissance neutre, s’embarquèrent sur le Shenandoah dans ce port: ce furent 1 officier, 13 officiers subalternes, 19 matelots, 7 mécanicienspompiers et trois soldats de marine, et, sans exception, personne dans ce port ne le quitta qui n’eût été d’abord fait prisonnier et obligé par force de faire le service à bord du vaisseau.
Les chiffres de cette écriture sont le résultat d’un examen critique des documents cités; lorsqu’ils diffèrent de ceux présentés jusqu’ici, ils doivent être pris comme une révision de nos documents précédents.
Genève, le 21 août 1872.
↩